La team Sherlock. Le mystère Moriarty, de Stéphane Tamaillon (2017)

Bienvenue à l’école internationale de Compte-de-Phénix : situé au cœur de la Suisse, cet honorable établissement et son internat accueillent des élèves et des enseignants du monde entier. Célandine, Haruko et Alejandro voient leur première rentrée bousculée par d’étranges événements : disparitions inquiétantes, signes d’une mystérieuse présence nocturne dans les couloirs de l’internat, découvertes inattendues dans les recoins du bâtiment… Il n’en faut pas moins à la « team » pour décider de mener l’enquête. Parviendront-ils à percer les mystères de leur nouvelle école et à éviter de nouveaux drames ?

Merci beaucoup à Babelio et à l’opération Masse Critique de nous avoir permis de découvrir ce petit roman policier jeunesse. Il ravira tous les jeunes lecteurs souhaitant découvrir ce genre : comme mes garçons, ils ne manqueront pas de se prêter au jeu de mener l’enquête avec la sympathique team Sherlock. L’intrigue est bien construite et le découpage des chapitres savamment pensé pour donner envie de poursuivre la lecture. Chapitres qui restent d’ailleurs relativement courts, ce qui contribue à rendre ce livre accessible aux bons lecteurs à partir de 8 ans… Nous avons également apprécié le décor Suisse – ses montagnes, cantons et cascades – et le caractère international de l’école, qui permet de découvrir des personnages et anecdotes amusantes de plusieurs pays. Une autre touche bienvenue provient des références multiples aux goûts musicaux (The Clash, ACDC…) et cinématographiques (Les Temps Modernes…) des protagonistes et à la littérature – Stephen King, le Dr Jekyll, mais aussi et surtout Sherlock Holmes dont nous avions justement découvert les premières aventures il y a quelques mois. Si beaucoup de lecteurs ne connaîtront pas ces références, elles sont susceptibles de piquer leur curiosité et de leur donner l’envie de découvrir certaines d’entre elles.

Cela dit, plusieurs travers me dissuadent de recommander ce roman de façon prioritaire. Mes réserves principales ont trait au style qui ne me semble pas pleinement maîtrisé avec des expressions surprenantes faisant irruption dans la narration (une « tête trop rigolote », « les flics », « elle se ramassa la binette », « le binoclard »…). Les dialogues font un usage inflationnaire des points d’exclamation et d’expressions familières qui rendent d’autant moins plausibles les multiples développements lors desquels l’un de nos jeunes héros instruit ses camarades sur les mystères de l’Univers, l’histoire du compte de St Germain ou les saisons au Japon. Le tout manque souvent de fluidité. Les personnages manquent de complexité et ne sont pas particulièrement attachants. Ils restent finalement peu nombreux : la narration se focalise sur l’intrigue principale et on n’apprend presque rien des autres élèves et enseignants et de leur quotidien. Enfin, l’histoire manque peut-être d’originalité, le mélange d’enquête, d’internat et de fantastique évoquant à la fois Enquête au collège de Jean-Philippe Arrou-Vignod, Le Club des Cinq d’Enyd Blyton et Harry Potter de J.K. Rowling, avec son internat installé dans des bâtiments historiques, sa bibliothèque, un trio de copains aux prises avec une « peste blonde », les thèmes de l’alchimie et de l’occlumancie ou quelque chose qui y ressemble fortement…

À mes yeux d’adulte, un récit indiscutablement prenant ne saurait compenser ces faiblesses, mais je ne doute pas que des lecteurs plus jeunes pourront passer un très bon moment avec ce roman !

Extraits:

« Un raclement retentit dans le couloir, juste de l’autre côté de la porte de la chambre. Il tendit l’oreille. Le son évoquait celui d’un râteau grattant le sol pour ramasser des feuilles mortes, chose hautement improbable à l’intérieur d’un dortoir. »

« Sa construction avait été financée par un donateur anonyme dont l’Histoire n’avait retenu que le pseudonyme : le comte de Phénix. Les lieux avaient été baptisés en hommage à ce généreux mécène. Au cours des deux derniers siècles, les plus illustres historiens s’étaient échinés à découvrir qui pouvait bien se cacher derrière ce flamboyant surnom. Mais, aujourd’hui encore, le mystère demeurait entier. »

« Mais oui, c’est ça, et AC/DC va enregistrer un album de bal musette. »

Lu à haute voix en juin 2018 – Seuil, 12,50€

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