Le cavalier du dragon, de Cornelia Funke (1997 pour l’édition originale en allemand, 2018 pour la deuxième édition française)

Lu en avril/mai 2018

Loin des créatures menaçantes qui peuplent l’imaginaire des humains, les dragons de ce roman sont des êtres majestueux et inoffensifs qui se nourrissent exclusivement de lumière de lune. Alors qu’ils n’aspirent qu’à vivre paisiblement à l’écart des hommes, ils apprennent un jour que ces derniers s’apprêtent à inonder leur vallée. Où se replier ? La seule issue pourrait être la lisière du ciel, lieu légendaire dont se souviennent les ancêtres mais auquel personne n’ose croire. Personne ? Long, un jeune dragon, accompagné de son amie kobolde Fleur-de-Souffre entreprend un voyage long et hasardeux pour trouver ce havre de paix. Le périple sera rythmé par les rencontres – avec toutes sortes de créatures magiques, mais aussi avec Ben, un jeune garçon qui deviendra le cavalier du dragon. Long et ses amis devront faire preuve d’astuce, de courage et de solidarité pour faire face aux dangers et échapper au féroce Ortimore, le dragon doré, sans se faire remarquer par les humains…

Ce roman sympathique et original a particulièrement plu à nos garçons qui ont été captivés par les péripéties des héros. Il s’inscrit dans un registre merveilleux assez classique avec un univers manichéen peuplé de créatures fantastiques dans lequel nous suivons une quête initiatique rythmée par les aventures. Le Cavalier du Dragon se distingue pourtant à plusieurs égards : les être fabuleux empruntent au folklore germanique (les kobolds) et nordique (les nains de roche), aux légendes autour de l’alchimie (les homoncules), mais aussi aux contes des mille et une nuits (les djinns) et à la mythologie grecque (le basilic et le cheval Pégase). Ces inspirations composent un univers insolite, dépaysant et souvent drôle.

Elles sont, curieusement, ancrées dans le monde réel, avec des repères géographiques et sociaux assez précis pour pouvoir suivre Long et ses amis de l’Écosse à l’Himalaya. Nous avons lu le roman avec le globe terrestre à portée de main pour suivre le voyage que nous avons beaucoup apprécié. Des Alpes Suisses aux monastères bouddhistes d’Inde en passant par les chantiers de fouille archéologiques égyptiens, cette découverte du monde à dos de dragon s’est révélée tout à fait réjouissante !

La perspective est originale puisqu’il s’agit de venir en aide aux dragons et puisqu’il n’y a pas de héro à proprement parler, mais plutôt des amis qui parviennent à conjuguer leurs forces, les plus petits prêtant souvent main forte aux plus grands.

Antoine et Hugo ont donc énormément aimé ce roman et ont ri de bon cœur des répliques de Fleur-de-Soufre et de sa passion pour les champignons. De mon côté, j’ai regretté, comme cela avait déjà été le cas dans Cœur d’encre, des méchants très caricaturaux et peut-être quelques longueurs. Ce livre offre aux jeunes amateurs du genre fantastique une parenthèse de rêve. Un best-seller mondial à recommander aux bons lecteurs capables de digérer les 520 pages de ce pavé !

Extraits

« Allez chercher la lisière du ciel ! Retournez vous abriter au cœur de ses sommets, et vous n’aurez peut-être plus jamais besoin de fuir devant les hommes. Ils ne sont pas encore là – d’un mouvement de la tête, il désigna les sombres sommets – mais ils finiront pas arriver. Je le sens depuis longtemps. Fuyez ! Fuyez ! Ne tardez pas. »

« Le dragon déploya ses ailes étincelantes. Ben, retenant son souffle, s’accrocha aux arêtes de Long. Et le dragon s’éleva dans les airs, toujours plus haut. Le bruit de la ville disparut derrière eux. La nuit les enveloppa d’obscurité et de silence, et bientôt le monde des hommes ne fut plus qu’un lointain reflet. »

« Là, vous devrez descendre jusqu’à l’extrémité de la péninsule Arabique – il mit le doigt sur la carte -, si vous suivez la route qui longe la mer Rouge vers le Sud jusque là et vous prenez ensuite la direction de l’Est, vous tomberez à un moment donné sur le défilé de Wadi Juma’ah. Il est si escarpé et si étroit que la lumière du soleil n’atteint le fond que quatre heures par jour. Et pourtant, au fond poussent d’immenses palmiers et une rivière coule entre les falaises, même quand partout ailleurs, l’eau s’est évaporée depuis longtemps sous l’effet de la chaleur torride. C’est là qu’habite Azif, le djinn aux mille yeux. »

Gallimard, 16,90€

J00645_CAVALIER_DRAGON_T1.indd

Un commentaire sur “Le cavalier du dragon, de Cornelia Funke (1997 pour l’édition originale en allemand, 2018 pour la deuxième édition française)

Ajouter un commentaire

Laisser un commentaire

Site Web créé avec WordPress.com.

Retour en haut ↑